Et si le Ministère de l'Ecologie portait la poisse ?
Depuis la création d'un grand Ministère de l'Ecologie par Nicolas Sarkozy, tous les ministres ont quitté leur fonction contraints ou forcés. Et les femmes ont beaucoup trinqué.... Et si le Ministère de l'Ecologie portait la poisse ?
L'Ecologie ne figure pas depuis bien longtemps en bonne place dans les portefeuilles ministériels. C'est en 2002 que Roselyne Bachelot a hérité du premier vrai " Ministère de l'Ecologie et du Développement durable " sous la présidence de Jacques Chirac.
Mais c'est Nicolas Sarkozy qui a boosté l'Ecologie, grâce à la pression menée par Nicolas Hulot avec son " Pacte Ecologique ", en nommant le 18 mai 2007 Alain Juppé, ancien Premier Ministre, " Ministre d'Etat, Ministre de l'Ecologie, du Developpement Durable et de l'Aménagement du territoire " au sein du Gouvernement de François Fillon. Malheureusement, Alain Juppé n'est resté à ce poste qu'un tout petit mois. Il a dû quitter sa fonction le 18 juin 2007 après avoir perdu les élections municipales à Bordeaux...
C'est Jean-Louis Borloo qui l'a remplacé le 18 juin 2007. Il était alors " Ministre de l'Economie des Finances et de l'Emploi " depuis un mois. Mais il a été " déclassé " suite à une erreur de communication qui aurait fait perdre les élections législatives à la droite. Il avait en effet, pendant la campagne des élections législatives, émis l'idée de la création d'une TVA sociale pour réaménager la fiscalité et celle-ci a été très mal perçue par les électeurs. Il a alors été rétrogradé et nommé " Ministre d'Etat, Ministre de l'Ecologie, de l'Energie, du Développement, et de l'Aménagement durable ". Mais en 2010, Jean-Louis Borloo a de nouveau fauté. Il a mis le feu au gaz de schiste en autorisant les premiers permis d'extraction à des grands groupes multinationaux dans l'Ardèche, l'Aveyron, la Drôme, le Gard, l'Hérault, la Lozère et le Vaucluse. Et alors qu'il espérait devenir Premier Ministre après le remaniement ministériel du 13 novembre 2010, il a été contraint de démissionner de son poste de Ministre de l'Ecologie, et du Gouvernement. Depuis il erre en politique et a créé l'Union des Démocrates et Indépendants (UDI) pour " construire les bases d'un projet à la fois durable et performant ". Et petite remarque qui en dit long : il n'y a pas une seule fois le mot écologie dans la présentation des projets de son parti... Peu être que, écoeuré, il ne veut plus en entendre parler...
Nathalie Kosciusko- Morizet, NKM, a quant à elle été nommée secrétaire d'Etat Chargée de l'Ecologie en juin 2007 aux côtés de Jean Louis Borloo. Pendant trois ans elle s'est battue pour le développement de l'éolien et du parc solaire français, la sûreté des centrales nucléaires françaises, l'interdiction de la fracturation hydraulique dans les recherches de gaz de schiste, l'interdiction des OGM...
Mais ces combats n'ont pas plu pas à sa droite qui se rappelle qu'elle a laissé voter en avril 2009 un amendement déposé par le communiste André Chassaigne destiné à limiter la culture d'OGM. Cet amendement ne faisait pourtant que reprendre le texte formulé précédemment de manière identique par le député UMP Louis Giscard d'Estaing. Mais cela lui a valu de sévères critiques dans son parti a tel point qu'elle a du dénoncer " une armée de lâches " au sein du Gouvernement. François Fillon, Premier Ministre, aurait bien voulu alors s'en débarrasser pour manque de cohésion gouvernementale. Mais devant sa popularité il s'est contenté de lui demander des excuses.
Il a fini quand même par lui demander de quitter son poste en janvier 2009 et l'a envoyée faire un tour dans l'Economie numérique et en tant que secrétaire d'Etat chargée de la Prospective. Grâce à sa popularité, elle est parvenue néanmoins à revenir à l'Ecologie en novembre 2010 suite à la démission de Jean Louis Borloo et à prendre le poste de " Ministre de l'Ecologie , du Développement durable, des Transports et du Logement ", mais avec des responsabilités plus limitées : elle n'a pas eu le grade de Ministre d'Etat et n'a pas eu la main sur l'Energie. Elle a finalement quitté l'Ecologie pour devenir... porte parole de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy...
Chantal Jouanno a quant à elle été nommée la 21 janvier 2009 à la place de NKM en tant que Secrétaire d'Etat chargée de l'Ecologie, sous la responsabilité de Jean-Louis Borloo. Elle s'est prononcée pour une écologie de droite fondée sur les nouvelles technologies et l'énergie nucléaire. Les écologistes n'ont pas vraiment apprécié. Le 14 novembre 2010 elle a été écartée du poste et nommée... Ministre des Sports.
Nicole Bricq a été nommée " Ministre de l'Ecologie, du Développement durable et de l'Energie " par François Hollande le 16 mai 2012. Et elle a reconnu qu'elle ne s'y attendait pas. Un mois et deux jours après, le 18 juin 2012 elle a été virée de son poste par François Hollande. Motif : elle avait annoncé le 13 juin 2012, qu'elle suspendait tous les permis de forages exploratoires d'hydrocarbures au large de la Guyane pour protéger la faune marine et de l'environnement ...
Et ça, ça n'a pas du tout plu aux lobbyes du pétrole ni à François Hollande. Bon prince il lui a quand même attribué le portefeuille de " Ministre du Commerce extérieur "...
Delphine Batho a remplacé au pied levé Nicole Bricq dès juin 2012. Et elle aussi, malgré quelques compétences en environnement, a été surprise d'être nommée " Ministre de l'Ecologie, du Développement Durable et de l'Energie ". Rapidement elle a cependant cru comprendre, tant on le lui avait dit et répété au Gouvernement, que la transition énergétique était importante en termes économiques, en termes d'emplois, en termes de développement durable, en termes d'indépendance de notre approvisionnement en énergie grâce aux énergies renouvelables, en termes de protection de l'environnement ... que son ministère était un ministère clé pour l'avenir. Et elle y a cru...
Mais voilà le projet de budget 2014 préparé par Jean Marc Ayrault ne va pas du tout dans ce sens. C'est même le contraire. Le budget prévisionnel 2014 pour le ministère de l'Ecologie est en baisse de 7%, soit la plus forte baisse tous ministères confondus. Alors naturellement Delphine Batho s'est un peu emportée et a dit tout haut que son budget était un " mauvais budget " car il ne lui permettrait pas d'atteindre les objectifs pourtant annoncés par François Hollande pendant sa campagne présidentielle de faire de la France " le pays de l'excellence environnementale ". Le jour même , ce mardi 2 juillet 2013 , François Hollande l'a virée... et il ne lui a pas proposé d'autre poste...
Jean-Marc Ayrault qui n'avait pas obtenu le soutien de Delphine Batho pour son projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes, doit en être bien content.
Nous souhaitons donc bon courage à Philippe Martin , nommé dès hier " Ministre de l'Ecologie , du Développement Durable et de l'Energie ". Et qu'il n'oublie pas que François Hollande et Jean Marc Ayrault sont des écologistes " honteux " qui au-delà des discours donnent le sentiment de ne pas y croire vraiment. Ils voudraient bien arrêter le nucléaire, mais... à part, peut être, la fermeture de la centrale de Fessenheim..., interdire définitivement l'exploration et l'exploitation des gaz de schiste, mais ..., interdire les cultures OGM, mais ... réduire les émissions de CO2 pour limiter le réchauffement climatique, mais ... Soutenir la transition agro-écologique, une transition indispensable et majeure allant vers plus de bio, défendue avec ténacité par Stéphane Le Foll, mais ... Soutenir le développement des énergies renouvelables, mais ...
Mais Philippe Martin a su montrer qu'il savait se battre, concrètement, pour défendre ses convictions écologiques. Combien de temps va-t-il tenir ?
Christina Vieira