Depuis une vingtaine d'années,la culture de la coca est le principal facteur de déforestation devant l'élevage, l'agriculture ou l'exploitation minière en Colombie. Crédits photo: Luca Zanetti/LAIF-REA
La coca grignote la forêt colombienne
Par Yves Miserey
La destruction des parcelles ne parvient pas à éradiquer la culture et favorise la déforestation
Il est difficile de connaître l'étendue de la culture illicite de la coca en Colombie. Les images satellites fournissent de bonnes indications, les parcelles cultivées apparaissant en clair par rapport aux masses sombres de la forêt. Mais, faute de pouvoir enquêter dans certaines zones en raison de l'insécurité, il n'est pas possible de vérifier ce qu'il en est réellement sur le terrain. Selon les données 2010 de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), la culture de la coca a diminué de 16% par rapport à l'année précédente, «ramenant la superficie cultivée à 68.000 hectares, soit 60% de moins qu'il y a dix ans» . Le Pérou aurait détrôné la Colombie comme premier producteur de coca dans le monde.
Ces chiffres ne doivent pas masquer le fait que, chaque année, des parcelles sont détruites dans le cadre du plan de lutte contre le narcotrafic appuyé par les États-Unis et qu'aussitôt de nouvelles cultures sont implantées ailleurs, dans les zones les plus reculées ou sous couvert forestier. En 2006, par exemple, un peu plus de la moitié des surfaces de coca correspondaient à de nouvelles parcelles (47.250 ha sur un total de 77.870 ha) dont près d'un quart avait été gagné directement sur la forêt primaire (International Journal of Drug Policy, juillet 2009).
Le jeu du chat et de la souris
Ce jeu du chat et de la souris fait qu'en Colombie la culture de la coca est depuis une vingtaine d'années le principal facteur de déforestation devant l'élevage, l'agriculture ou l'exploitation minière. Près de 47.000 ha par an, en moyenne, entre 2000 et 2005, selon la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture). C'est ce que démontre une étude réalisée par une équipe de chercheurs américains et colombiens pilotée par Liliana Davalos, de l'université d'État de New York (Environmental Science and Technology, janvier 2011). Deux fois grande comme la France, la Colombie a une biodiversité très riche avec deux points chauds: la forêt amazonienne et les Andes tropicales, là où se trouvent une bonne partie des plantations.
Les feuilles de coca sont produites par un arbuste qui ne dépasse pas 2 mètres de hauteur. La culture est intensive avec force engrais et herbicides. Les feuilles sont cueillies trois fois dans l'année ; le cocaïer peut être exploité durant une trentaine d'années. L'extraction de la cocaïne met en jeu des techniques très polluantes, notamment avec du kérosène. Même si les prix de la cocaïne ont baissé au cours des dix dernières, sa culture nécessite peu d'investissements et rapporte deux fois plus que celle de la banane. Une baisse compensée par l'amélioration des rendements et des techniques d'extraction.
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